Il n’y a pas si longtemps, l’adolescence n’était pas reconnue par la collectivité. C’était un état individuel, de même que le troisième âge. Dans les cultures occidentales, l’adolescence est devenue un phénomène de société. La provocation est apparue chez les artistes avant et pendant la seconde guerre mondiale (romantisme, dadaïsme…), revendication contre toutes les institutions de la société (famille, état, église, armée, école…).

L’adolescent a repris ces revendications à son compte. L’adolescence est à la fois un état enfantin et sérieux. En 1950, les adolescents reprennent à leur compte ces états d’âme. En 1960, la musique les aide à les exprimer. En 1970, politisation.

Evolution intellectuelle

Vers 12 ans, le jeune adolescent va pouvoir raisonner de façon déductive, posant des hypothèses et répondant dans l’abstrait. Ayant acquis cette pensée formelle, il en usera à l’excès. Il n’a pas besoin de l’expérience. C’est la période où l’on refait le monde, très créative mais sans support dans la réalité. Il a acquis l’intellect adulte mais en même temps une grande sensibilité qui le rend instable.

Comportement social de l’adolescent

On distinguera 3 phases :

  • Phase d’opposition : Chez la fille, elle survient entre 12 et 13 ans et chez le garçon entre 12 et 15 ans. Elle commence par un effondrement total de tout l’acquis moral et social de la période de latence. C’est un mouvement régressif au cours duquel l’adolescent est imprévisible, avec refus de tout ordre établi, vols, provocations… Il y a à la fois l’incapacité à domestiquer les désirs, et recherche du plaisir dans la transgression de l’interdit. On note aussi un mépris de tout ce qui représente l’ordre. Ceci a pour but une certaine prise de conscience de soi ; période du « Je n’veux pas ! ».
  • Phase d’affirmation du Moi : Chez la fille entre 13 et 16 ans, et chez le garçon entre 15 et 17 ans. C’est une période de revendication, de « Je veux ! », avec demande d’indépendance, de liberté. C’est l’époque du conflit des générations. Il y a élaboration de systèmes nouveaux et meilleurs pour la société. Période de l’adolescence où on discute beaucoup : mégalomanie, affabulation, idéalisation. Générosité et égoïsme.
  • Phase d’insertion : Chez la fille entre 16 et 18 ans, et chez le garçon entre 18 et 20 ans. L’adolescent s’identifie à l’adulte de façon stable, avec moins d’idéalisation. Il réalise son indépendance affective, et construit son indépendance économique. On accepte réellement et sans ambivalence de se passer des parents. Cette phase d’insertion est facilitée par le rythme du travail, la relation de couple.

Adolescence : remaniement de la personnalité affective

Vis-à-vis des parents, l’adolescent doit effectuer le « deuil des imago parentales ». Le deuil est un processus qui permet de ne pas finir avec ce qui est mort. Il s’agit d’une rupture d’avec l’image que les parents représentent pour l’adolescent. Ce processus se fait en plusieurs étapes. Il est anxieux, déprimé, dépressif, inhibé. Il fait des actes antisociaux. L’aspect défensif ne réussit pas à retenir l’aspect émotionnel.

Le côté oral se traduit par de la boulimie, de l’anorexie et de l’avidité sur tous les plans modifiant tous ses rapports avec l’ordre, le pouvoir. L’adolescent fait une crise d’originalité autant physique que mentale. Plus il se sent dépendant des parents, plus il sera agressif vis-à-vis d’eux. Les parents ne peuvent rien pour l’aider car c’est leur présence même qui crée le conflit.

Adolescence et parentalité

L’adolescent élabore un roman familial : il existe deux couples de parents ; l’un riche, noble, puissant et protecteur, assimilé à des divinités. Ce sont des parents du passé, idéalisés par l’enfant. L’autre couple est humble, commun, soumis aux limites quotidiennes. Ce sont les parents découverts par l’adolescent.

Ces deux couples de parents s’affrontent dans l’imaginaire de l’adolescent. Celui-ci brode un roman familial dans lequel il retrouvera ses droits et privilèges. Cela révèle le processus régressif vers la relation rassurante des premiers temps de l’Enfance et le processus progressif qui permet d’accepter la réalité.

L’adolescent veut prendre la place d’un de ses parents en usurpant les droits de l’Adulte ; c’est ce qu’on appelle un fantasme de changement de rôle. Il est Adulte à la place du Père ou de la Mère. Il juge ses parents, les conseille, les infantilise. Ceci est une condition pour devenir adulte.

Adolescence et conflit

L’adolescence est bien un phénomène de société mais elle est sans doute bien plus que cela. Les jeunes ont souvent besoin d’être remotivés et de comprendre que leur avenir est en jeu, qu’ils travaillent pour eux, sans avoir peur des jugements mais cela peut prendre du temps et demander un peu d’aide de la part d’adultes bienveillants, hors du cercle familial.

Il ne faut pas que l’affectif envahisse trop la relation et c’est la raison pour laquelle les cours particuliers et les stages de soutien se sont imposés ces dernières années comme la solution aux conflits liés à la scolarité entre les jeunes et leurs parents.

Même s’il est difficile pour le parent de prendre du recul car le conflit peut être violent, il est nécessaire de ne pas trop impliquer d’affectivité dans les relations avec ses enfants adolescents. Leur vie leur appartient, leur territoire n’est pas celui de l’adulte. Facile à dire, me direz-vous… Mais aussi rassurant !

Conférence pour l’AS DES COURS (Club Asur)

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